"Nous ne pouvons pas être œcuméniques tout seuls"
Cinq secrétaires généraux d'organisations œcuméniques internationales ont eu des discussions très fructueuses avec des responsables de l'Eglise évangélique d'Allemagne (EKD) le vendredi 8 avril 2001, dernière journée de la visite du Conseil de l'EKD au Centre œcuménique de Genève. Il s'agissait des responsables de l'Alliance ACT, de la Conférence des Eglises européennes (KEK), de la Fédération luthérienne mondiale (FLM), de la Communion mondiale d'Eglises réformées (CMER) et du Conseil œcuménique des Eglises (COE).
"L'un des principaux défis que nous devons relever est celui de l'intolérance religieuse", a déclaré John Nduna, de l'Alliance ACT, coalition d'Eglises et d'institutions qui leur sont liées qui travaillent dans les domaines du développement humain et des secours d'urgence.
John Nduna a cité une autre préoccupation, celle du "rétrécissement de l'espace humanitaire dans le monde entier, qui nous empêche de toucher les personnes qui ont besoin d'aide". Il est primordial que les organisations de service agissent de concert, que ce soit pour instaurer le dialogue avec les gouvernements ou pour défendre leurs causes devant les organisations internationales vouées à améliorer les conditions de vie dans les situations de conflit.
"Au Darfour, a-t-il poursuivi, nous avons obtenu d'excellents résultats grâce à la collaboration avec Caritas – œuvre d'entraide mondiale de l'Eglise catholique romaine – et nous nous demandons comment nous pourrions persévérer ailleurs dans cette direction, dans un esprit de coopération interreligieuse et œcuménique."
"Nous ne pouvons pas être œcuméniques tout seuls", a déclaré le pasteur Martin Junge, de la FLM, soulignant qu'il est nécessaire de surmonter les soupçons réciproques non seulement entre les Eglises et les traditions chrétiennes mais aussi entre les organisations œcuméniques qui semblent parfois être en concurrence les unes avec les autres.
Le "caractère polycentrique de la communion des Eglises" devrait être souligné comme une force et non pas comme une faiblesse, pour en faire la base "d'un dialogue intercontextuel", qui permette à des personnes venues de milieux très différents de se rencontrer et d'examiner "l'écologie des connaissances" – et non seulement de la connaissance – issues de la merveilleuse diversité humaine.
Le pasteur Olav Fykse Tveit, du COE, a défendu l'idée de combiner l'engagement au soutien mutuel avec la nécessité de la "responsabilité réciproque" dans le contexte des rencontres entre Eglises, organisations, Etats et cultures. Ces partenaires doivent aspirer à "une unité dotée de substance" et rechercher de nouveaux modèles de dialogue et de collaboration qui "rassembleront toutes sortes de personnes désireuses d'agir".
Le pasteur Setri Nyomi, de la CMER, a remercié les représentants de l'EKD de leur engagement en faveur des activités œcuméniques, "tant en Allemagne que dans le monde entier".
Il a défini deux éléments cruciaux du programme des Eglises réformées au cours des années à venir: poursuivre l'engagement "à faire progresser l'unité visible de l'Eglise" et "lutter contre les nombreuses injustices qui sévissent non seulement dans l'hémisphère sud mais partout dans le monde". La CMER doit en outre affronter un autre défi: celui de surmonter les divisions au sein de sa famille confessionnelle.
Le professeur Viorel Ionita, de la KEK, a souligné que les Eglises européennes sont confrontées à des problèmes particuliers dus à la sécularisation des pays de ce continent naguère considéré comme chrétien. Par le dialogue, la KEK recherche un terrain d'entente entre ses Eglises membres et avec l'Eglise catholique romaine.
Les organisations œcuméniques comme la KEK existent pour soutenir la vocation actuelle des Eglises, participer avec elles à la proclamation de l'Evangile de Jésus Christ dans des sociétés parfois hostiles et défendre les causes des Eglises et de leurs membres devant les institutions politiques européennes. "Dans tous ces domaines", a-t-il ajouté, "l'EKD joue un rôle important en Allemagne, en Europe et dans le monde entier."
L'évêque Martin Schindehütte, responsable du bureau des affaires étrangères et des relations œcuméniques de l'EKD, a souligné que "nous avons besoin des points de vue des autres pour demeurer fidèles dans les contextes qui sont les nôtres". Il existe certes "des relations et des connexions complexes au sein du mouvement œcuménique", a-t-il ajouté, mais au cœur de l'unité et de l'action chrétiennes se trouve l'Evangile. Appuyés sur cette base, nous aurons la force d'élaborer des plans en vue d'aider les Eglises à coordonner leurs activités d'une manière plus claire et avec des objectifs bien définis.
Au cours de la visite de l'EKD, on a mentionné les plans en vue du 500e anniversaire de la proclamation des 95 thèses de Martin Luther à Wittenberg, qui aura lieu en 2017.
Tous ont manifesté leur enthousiasme pour ce projet, non sans rappeler qu'il s'agit d'un événement de portée mondiale, même si les répercussions sur l'histoire religieuse, culturelle et politique ont été les plus profondes en Allemagne. Dans cet esprit, il faudrait établir des liens entre "Wittenberg, 1517" et "le monde, 2017".
Le pasteur Nikolaus Schneider, président du Conseil de l'EKD, a remercié les secrétaires généraux de leur hospitalité et des opinions qu'ils ont formulées. Madame Tabea Dölker, membre du Conseil de l'EKD, a exprimé la reconnaissance des visiteurs en offrant une sculpture représentant Martin Luther, intitulée "Hier stehe ich…" (Me voici), en référence à la déclaration du réformateur allemand devant la Diète de Worms de 1521.
"Hier stehe ich…" est l'œuvre, assez controversée, de l'artiste allemand Ottmar Hörl, inspirée par la statue du réformateur érigée au début du 19e siècle sur la place principale de Wittenberg. Il a réalisé des modèles réduits de ce monument: hauts de 98 centimètres, ils existent en noir, bleu, vert et rouge, à raison de 217 exemplaires de chaque couleur. Le Centre œcuménique a reçu l'une des statues noires.
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